
Publié le 04/07/2025, mis à jour le 04/07/2025
Des îles au reste du monde : la voix d’une jeunesse engagée pour l’Océan - épisode 1/6 (Matthew Nagel)
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En juin 2025, la ville de Nice a accueilli la 3e édition de la Conférence des Nations unies pour l’Océan (UNOC3). Fort de son engagement pour la résilience environnementale et écologique des Pays et Territoires d’Outre-mer européens et britanniques, le Programme Green Overseas s’est impliqué dans un travail de longue haleine et de grande ampleur afin de faire de sa participation à cet événement international un épisode inoubliable.
Dès lors, l’équipe du Programme s’est attachée à constituer une délégation faite de dix jeunes issus des PTOMs bénéficiaires du Programme : ces 10 jeunes, représentant au total 8 PTOMs (Nouvelle-Calédonie, Bermudes, Polynésie française, Île d’Ascension, Montserrat, Sint Maarten, Saint-Pierre et Miquelon, et Aruba) ont porté la voix et les couleurs du Programme Green Overseas à travers une série d’ateliers, d’échanges, de conversations, dont les réflexions sont relatées à travers le témoignage de chacun d’entre eux.
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Vivre sur une île, c’est être entouré de l’océan, omniprésent et incontournable. J’ai encore du mal à saisir toute l’immensité de cette étendue d’eau quand je regarde au-delà de l’horizon, sachant qu’elle s’étend sans interruption sur des centaines, voire des milliers de kilomètres. Comment quelque chose d’aussi vaste peut-il être menacé par nos actions ? L’océan a longtemps été perçu comme une ressource inépuisable, capable de répondre indéfiniment à nos besoins croissants, mais nous savons aujourd’hui que ce n’est pas le cas.
J’ai eu la chance d’être sélectionné par le programme Green Overseas, un projet porté par Expertise France et financé par l’Union européenne, pour participer à la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3), en tant que représentant de mon territoire, les Bermudes.
Le programme GO a rassemblé dix jeunes issus de différents territoires à l’UNOC 3, et l’un des aspects les plus enrichissants de cette semaine n’a pas seulement été la conférence, mais également l’opportunité de rencontrer et d’apprendre aux côtés de personnes venues des quatre coins du monde, réunies autour d’un objectif commun.
Chacun d’entre nous a suivi un parcours unique, mais nous partageons tous la même ambition : protéger les eaux que nous appelons « chez nous ».
Pendant mes quatre jours à Nice, j’ai été témoin d’un travail remarquable en faveur de la conservation de l’océan et du développement d’une économie bleue circulaire. Des outils et programmes innovants ont été présentés, tels que le projet européen de jumeau numérique de l’océan ou encore le cadre de financement des AMP proposé par Blue Alliance. Les communautés les plus touchées par les crises océaniques ont eu la possibilité de faire entendre leurs voix, de partager leurs préoccupations et de proposer des solutions déjà mises en œuvre sur le terrain. Même si nous ne sommes pas encore parvenus à inverser la tendance sur les enjeux les plus cruciaux.
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L’un des thèmes incontournables de cette Conférence fut la question du développement d’outils financiers, comme les obligations biodiversité ou d’autres formes d’investissements bleus et verts, qui seront essentiels pour permettre aux petits États insulaires en développement (PEID) de gagner en autonomie et de mieux maîtriser leurs ressources, en s’éloignant d’un modèle reposant uniquement sur la philanthropie ou le tourisme. On reconnaît désormais que, même s’ils sont difficiles à quantifier directement, ces outils sont indispensables à la santé de notre économie mondiale : le monde naturel est à la base de toutes les industries, et ce sont les PEID et les régions côtières qui abritent la majorité de ces ressources vitales.
Cependant, bien que ces initiatives soient porteuses de bénéfices, la question de la sécurisation des investissements et du retour sur investissement adéquat reste encore à résoudre pour répondre aux attentes des financeurs. Les avantages sont souvent invisibles et se déploient sur le long terme. Les modèles prédictifs nous permettent certes d’estimer les coûts évités grâce à la prévention des effets du changement climatique et de l’effondrement des écosystèmes, mais ces chiffres sont bien plus difficiles à défendre face à des investisseurs ou des électeurs lorsqu’ils sont mis en balance avec les profits immédiats générés par des pratiques extractives comme l’exploitation minière des grands fonds marins.
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Plus que jamais, je suis cependant animé par l’espoir et la détermination, car des progrès considérables ont déjà été réalisés, et des avancées significatives sont en cours : j’ai notamment apprécié la forte présence de peuples autochtones et de jeunes, dont les interventions ont enrichi les discussions par leur pertinence et leur ancrage dans la réalité. S’il reste encore des efforts à faire pour les intégrer pleinement aux processus décisionnels, leur visibilité croissante est un signe très prometteur. Le monde entier doit inclure les points de vue de ceux qui sont en première ligne de la crise. Reconnaître la valeur propre de l’océan n’est pas seulement un impératif moral : c’est la condition de toute durabilité réelle.
En tant que future génération d’innovateurs, de décideurs et de scientifiques, nous devons refuser le rôle de simples observateurs en attente de notre tour. Nous devons, dès aujourd’hui, commencer à façonner notre avenir et revendiquer notre place en tant qu’acteurs légitimes de la préservation de l’océan et de notre planète. C’est pourquoi le rassemblement de la jeunesse est si important : notre génération reprend le flambeau de celles et ceux qui, avant nous, se sont battus sans relâche pour notre avenir — plantant des arbres dont ils savaient qu’ils ne s’assiéraient jamais à l’ombre.Je suis extrêmement reconnaissant envers toute l’équipe du Green Overseas Programme, Expertise France, l’Union européenne et le gouvernement des Bermudes pour leur soutien et cette opportunité exceptionnelle. Ma participation à la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan restera à coup sûr une expérience inoubliable, marquant durablement le parcours de ma carrière et de mon engagement futur.